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Comment redonner le goût de l'industrie aux jeunes ?
Géraldine Gandveau de Dassault Systèmes, Aurélien Stoky de Holimaker, Anaïs Voy-Gillis de l’IAE de Poitiers, Corentin Lafi de La Facto et France Mourier de chez Michael Page n’ont pas hésité à témoigner et illustrer leurs propos sur les défis du recrutement de l'industrie, lors de cette table ronde sur GI 2024.
L'industrie française, en pleine transformation, fait face à un double défi : attirer de jeunes talents tout en luttant contre une image désuète et des métiers en tension. Géraldine Gandveau de Dassault Systèmes met en lumière la quête mondiale de nouveaux profils, tandis qu’Aurélien Stoky d’Holimaker souligne les difficultés de recrutement dans des secteurs critiques comme la production et le commerce.
Un secteur en pleine transformation
Longtemps perçue comme une industrie lourde et pénible, l’image du secteur peine à se moderniser dans l’imaginaire collectif. Parents et enseignants voient encore l’industrie comme un domaine du passé, bien que celle-ci ait largement évolué grâce aux innovations technologiques et à l’émergence des start-ups. « Il est essentiel de redonner du sens à la fabrication pour attirer les jeunes », explique Aurélien Stoky, qui note que de plus en plus de jeunes sont attirés par des métiers manuels où ils peuvent constater le résultat concret de leur travail.
Une image à moderniser
L'un des freins majeurs à l'attractivité de l'industrie réside dans la perception du terme même. Corentin Lafi, fondateur de La Facto!, explique que si les produits issus de l'industrie (voitures, meubles, etc.) intéressent les jeunes, les entreprises industrielles elles-mêmes souffrent d'une image décalée. « Les jeunes se sentent plus attirés par l’idée de start-ups dynamiques que par des entreprises souvent perçues comme isolées et peu en phase avec leurs aspirations sociales et créatives », ajoute-t-il.
Attirer les talents : au-delà du salaire
Face à ces constats, les entreprises industrielles doivent aller au-delà de la simple proposition d'emplois et de salaires. Corentin souligne l’importance de créer des espaces d'échange et de créativité au sein des entreprises pour répondre aux attentes des jeunes générations. Dassault Systèmes, par exemple, mise sur l'innovation et des conditions de travail flexibles pour séduire les talents, offrant télétravail, campus attractif à Vélizy et outils numériques de collaboration.
Pour France Mourier de chez Michael Page, les difficultés à recruter des talents techniques sont exacerbées par les objectifs de réindustrialisation et les contraintes écologiques, mais aussi par la gestion des carrières des seniors et les chocs générationnels. « Les jeunes recherchent des parcours plus dynamiques et moins spécialisés que leurs aînés », précise-t-elle.
Des défis structurels à relever
L’exemple de Dassault Systèmes est intéressant. Grâce à des programmes d’accélération, l'entreprise permet à ses collaborateurs de consacrer 10 % de leur temps à aider des start-ups, renforçant ainsi leur engagement tout en contribuant au mentorat des jeunes pousses.
En dépit de ces initiatives, la question salariale reste une problématique clé pour les jeunes diplômés, qui se heurtent souvent à des grilles de rémunération rigides dans l’industrie, comparativement à des secteurs plus agiles comme les services. Si l'industrie propose des carrières solides à long terme, les jeunes aspirent aujourd’hui à des postes qui allient sens, flexibilité et rémunération attractive.
Valoriser les métiers manuels
Au-delà de la modernisation des conditions de travail, l’industrie doit également repenser la valorisation des métiers manuels. Bien que l'artisanat ait regagné en popularité, les préjugés autour des métiers de l'industrie demeurent tenaces. « Il est impératif de casser le stéréotype du "mauvais élève qui finit dans l'industrie" », explique l’un des intervenants, rappelant que les postes proposés sont nombreux et diversifiés.
Enfin, la clé pour attirer les jeunes talents réside peut-être dans l’éducation. Sensibiliser les étudiants aux opportunités offertes par le secteur, en mettant en avant les perspectives de carrière et l’impact sociétal de l'industrie, semble indispensable pour répondre aux enjeux de réindustrialisation et de modernisation de l’image du secteur.